Le mariage, c’est quand l’homme et la femme décident de ne faire plus qu’un. Les problèmes commencent quand ils décident de choisir lequel.
Le chat
Je dois bien avouer que je ne savais pas trop de quoi parler quand j’ai commencé ce billet, avec ce titre. Je voulais parler de trucs vibrants pelviens, du concept de prendre quelqu’un et d’être pris… J’y reviendrai peut-être un peu plus loin. En fait, ça m’évoque le sujet du féminisme.
J’ai répondu récemment sur facebook à la question « est-ce que vous vous considérez féministe? », et « quelles sont les valeurs féministes qui vous parlent particulièrement? » (respectivement, « oui », et « vous allez voir je vous en parle dans ce billet ») et ça m’a un peu fait réfléchir (tiens, en parlant de répondre à des questions pour en faire ensuite des billets, il faudrait que je refasse un tour sur Quora à l’occase).
Il y a pas mal de valeurs que je considère comme féministes qui me tiennent très à cœur :
- Le droit de chacune et chacun à avoir la sexualité qu’il ou elle souhaite, qu’elle soit (très) active, inexistante, ou toutes les possibilités possibles du spectre, et sans qu’on lui colle une image dessus pour autant, que ce soit celle de pute, de frigide, de coureur de jupons… Alors oui je pense particulièrement aux femmes, mais les préjugés sur les hommes je les mets dans le même sac. Moi-même j’ai encore parfois du mal à me dissocier de cette image, et quand je suis allée en club libertin, je pensais que la raison pour laquelle mon compagnon était plutôt contre, c’était parce que ça me dévaloriserait à ses yeux, que mon « appétit sexuel » ferait de moi une « traînée » avec laquelle il ne voudrait peut-être plus avoir des projets de vie, ou partager une intimité. C’était pas ça en fait, mais ce qu’on peut dire, c’est que les préjugés ont la vie dure, et qu’ils peuvent revenir pointer le bout de leur nez sans crier gare, même quand on a une pensée plutôt positive sur le sexe.
Bien sûr, si vous avez une sexualité active, voire plusieurs partenaires, pensez à vous protéger, à en parler à votre médecin, votre gynéco, et prenez soin de vous.
Et puis tout aussi important, avoir la sexualité qu’on veut en termes de genre qui nous attire (homo, hétéro, bi, etc), de pratiques qui nous plaisent (bdsm ou autres déviances) en restant dans le respect de l’autre. C’est là que je reboucle avec l’idée de prendre et d’être pris. Il y a un aspect évidemment masculin / féminin à cette thématique, et c’est très libérateur je trouve de franchir cette dichotomie, en tant que femme de sauter dans un strap-on et de prendre quelqu’un (moi je pensais pas que ça me plairait, et en fait je trouve que c’est très excitant!), en tant qu’homme d’être pris (et d’en éprouver du plaisir, prostate aidant). Et s’affranchir un peu de son genre, de temps en temps. - Toujours dans le domaine de faire ce qu’on veut de son corps, il y a deux autres sujets connexes : porter les fringues qu’on veut, d’abord, et là je dois dire qu’en tant que femme je me sens plutôt avantagée dans ce domaine, vue l’étendue des possibilités : je peux m’habiller très léger en été sans que mon employeur y trouve à redire, mettre des jupes, des pantalons, des chaussures de toute forme, avec ou sans talons, des accessoires, des décolletés… La moitié de ma garde-robe n’est pas tout à fait appropriée pour le travail, mais globalement j’ai un vaste choix. Là ce que j’aimerais, c’est que les hommes aient accès à tout ce choix également, et que les costards-cravates disparaissent de la surface de la terre, c’est tellement triste comme vêtement (et en été, tellement inconfortable).
Après, on a beau dire que l’habit ne fait pas le moine, on est souvent jugé sur son apparence, j’en suis consciente. Etre sapé comme on l’entend mais de manière appropriée en fonction des circonstances, ça veut dire aussi qu’on peut essayer de s’habiller élégamment pour faire une première impression positive sur un employeur ou un rencard. Mais en tout cas, le minimum est que les interactions restent respectueuses, et le choix de vêtements, de coiffure, de piercings, rien n’excuse le fait d’agresser quelqu’un dans la rue ou ailleurs, que ce soit verbalement, physiquement, sexuellement, et c’est là que les femmes se retrouvent du mauvais côté de la balance, avec toutes les autres personnes victimes de discrimination généralisée (trans, gays, etc…). - Et puis que chacun et chacune puisse faire ce qu’il ou elle veut avec ses poils. Avec ses cheveux, sa barbe, ses poils aux jambes, aux aisselles, au pubis… Et que les hommes comme les femmes soient libres de s’épiler, raser, tailler, ou non. Personnellement j’aime trop la sensation de ma peau douce pour ne pas me raser, mais c’est vraiment ça l’idée, que les femmes aient le choix, et à vrai dire, que les hommes aient le choix aussi – il n’y a pas que les cyclistes qui peuvent se raser les jambes, pas que les naturistes qui peuvent se raser les couilles. Les hommes aux cheveux longs sont encore trop discriminés, particulièrement les enfants j’ai l’impression. Il y a de plus en plus de femmes qui montrent leur poil aux jambes, et même si je préfère les miennes glabres, j’admire chacune de ces femmes, je les soutiens inconditionnellement. Je vois des jambes poilues d’hommes à longueur de journée sans y trouver à redire, je les masse et les caresse même avec un certain plaisir, alors est-ce que ça fait la moindre différence quand c’est sur des femmes, au fond?
- Et puis un vaste sujet qui me tient à cœur aussi, c’est l’indépendance, l’autonomie des femmes. Avoir plus de femmes visibles dans la sphère publique, des femmes dans des positions de pouvoir. L’égalité salariale, mais aussi sur les opportunités de carrière, les congés parentaux. Mon employeur est plutôt actif à ce sujet, mais même ici, on manque de femmes dans le top-management. Je rêve d’une femme président de la République française (et compétente, et qui ne fasse pas trop de conneries! Je sais, c’est beaucoup demander…)
Et j’ai envie d’utiliser mon propre pouvoir, mes propres ressources, pour sponsoriser l’autonomie d’autres femmes, dans l’esprit de solidarité féminine.
Il y a pas mal d’initiatives à ce sujet, je pense notamment au test de Bechdel, qui met en évidence la sous-représentation des femmes dans les films (ou dans toute oeuvre de fiction), et particulièrement parmi les protagonistes. C’est tout bête, et tellement parlant. Ça m’a donné envie de vivre des aventures avec des copines. De faire nos propres histoires sans mecs dedans. C’est vrai que je le faisais trop peu.
Et un jour, quand je serai grande (…), je me lancerai dans la politique! Haha!
Et vous, est-ce que vous vous qualifiez de féministe? Quelles valeurs féministes sont importantes pour vous?