Lecture

La lecture est une amitié.

J’ai plein de choses à vous écrire, ou à écrire en général d’ailleurs. Je manque un peu de temps, voilà tout.

Je me suis remise à lire, ces derniers temps. Je lis des livres qu’on m’a offerts ou prêtés récemment, parce que c’est le bon moment pour les lire. Je lis des livres que je me procure sur un coup de tête, et qui me ravissent. Je lis des livres écrits par des femmes avec plus de satisfaction encore. Je lis de la non-fiction avec une sorte d’urgence, comme si ma vie en dépendait. Je me nourris, je me fais plaisir.

Dans le même temps, je me débarrasse sans vergogne des livres sans intérêt. Je ne peux plus me forcer à finir des livres que j’ai commencés en pensant qu’ils seraient bien, que j’ai continués pour leur donner une vraie chance, et dans lesquels je me suis ennuyée, enlisée, perdue. Je crois que j’ai officiellement passé l’âge de perdre mon temps. Ca aura quand même pris pas loin de 40 ans!

J’ai commencé à lire de la non-fiction lorsque je me suis documentée sur le polyamour. Et j’en ai remis une couche pendant ma séquence bouquinovore du premier confinement Covid. Ces dernières années, je me suis mise à lire plein de newsletters politiques, en plus du monde diplomatique, et à suivre des chaînes youtube qui commentent l’actualité (avec humour : il vaut mieux en rire). Il y a une nouvelle surenchère ces derniers temps, entre les podcasts que j’écoute et qui recommandent des livres sur certains thèmes qui m’intéressent, les copines engagées qui m’offrent ou me prêtent des livres passionnants, et une certaine effervescence en moi, une frénésie de lecture comparable à celle de la période Covid (le temps en moins).

C’est étrange parce que pendant la plus grande partie de ma vie, de ma jeunesse, je ne lisais que de la fiction. Et je lisais beaucoup. Après les romans d’aventures, historiques, d’enquêtes et d’amitié de la bibliothèque rose, rouge et or, verte, et les énormes pavés de Victor Hugo qui ne m’ont même pas découragée, j’ai découvert la science-fiction, l’anticipation, des romans plus adultes, avec du sexe et tout, et par la suite la fantasy, qui me faisaient voyager toujours plus loin dans les contrées de l’imaginaire. Comme dans les films, il n’y a que le genre « horreur » auquel je n’adhérais pas du tout, et que je trouvais plutôt ridicule et mal fait. Enfin c’est vrai que c’est un peu difficile de me faire peur, je crois.

J’ai moins lu à l’âge adulte, en tout cas moins de livres, mais toujours un peu quand même. J’ai toujours des bouquins empilés sur ma table de chevet ou ailleurs, que je compte lire (un jour). Je pense même qu’il n’y a jamais eu un instant dans ma vie où je n’avais pas un livre en cours. La dernière page tournée de mon livre précédent, je mets toujours mon marque page dans un autre livre, même si je ne lis que la page de garde. (Vous faites ça aussi?) La lecture est une de ces choses constantes, perpétuelles et immuables, dans ma vie. Parfois discrète, par moments envahissante et obsédante, jamais neutre.

Les livres m’ont accompagnée toute ma vie. Ils m’ont apporté beaucoup. C’est difficile à imaginer, qui je serais sans tous ces livres qui m’ont inspirée, intéressée, ouverte à de nouvelles idées, qui m’ont permis de tisser des liens avec d’autres lecteurs et lectrices, qui m’ont forgée. Pourquoi est-ce qu’on lit? Je crois que je ne me suis jamais posé la question. C’est pour moi simplement suivre une envie, une envie de découvrir ce qui se cache dans ces pages. Pas seulement l’histoire qui y est racontée, mais les mots eux-mêmes, le ton, les émotions, les liens que je vais faire avec mon vécu, les échos et les résonances que ça peut avoir avec moi, en moi. Pour suivre cette envie, il faut avoir le temps. Moi j’ai besoin d’un lieu calme, pour lire, sans musique, en tout cas sans paroles. C’est une façon de mettre le monde en pause, dans une bulle. Lire, c’est faire du voyage dans le temps. On se retrouve dans quelques heures, une fois mon chapitre ou mon livre fini : le monde aura continué de tourner, et moi je ne serai déjà plus la même.

Ce qu’on lit nous touche, nous pousse, nous change, nous transforme. Alors c’est sûr qu’il faut bien choisir ce qu’on lit. Pendant toute ma jeunesse, j’ai lu des romans écrits par des hommes, ou par des femmes qui essayaient de se faire passer pour des hommes, dans un monde fait pour les hommes, avec des héros masculins, avides de conquêtes et de domination, où les personnages féminins secondaires ne servaient qu’à être séduits. Dans la SF ou la fantasy des années 80/90, les exceptions sont rares, vraiment. J’ai un peu de mal à en lire à nouveau, à présent. Je serais mal placée pour dire qu’ils sont sans valeur, mais je vois surtout leurs points communs, leurs ressemblances, maintenant, et ça m’enchante moins qu’avant. Les sagas et les épopées avec un héros masculin du genre roman initiatique, j’en ai peut-être trop lu. Ma propre initiation est venue depuis, hors des mondes de l’imaginaire, par le biais de films et de séries réalistes, de comédies romantiques ou dramatiques, et dans des livres de non-fiction. La vraie vie, quoi.

J’ai le sentiment, ces temps-ci, d’une véritable urgence à écrire la vraie vie, à l’arpenter, la changer, la vivre, plutôt que de me balader dans la fiction. Je ne sais pas si c’est une phase, ou une évolution. Et je ne sais pas, ce matin, si je peux faire les deux à la fois. Pourtant, on sait tous que la vie réelle dépasse bien souvent tout ce qu’on aurait pu imaginer. Alors c’est sûrement bien plus poreux que je ne l’imagine. Je suppose que je vais simplement continuer à suivre mes envies, où qu’elles me mènent. Je ne sais pas vivre autrement, de toute façon.

Femme, Vie, Liberté

« Une femme qui n’a pas peur des hommes leur fait peur. »

Simone de Beauvoir

Je ne suis pas Iranienne, Irakienne, Turque ou Syrienne, mais je suis une femme.
Et je crois que ces trois mots : Femme, Vie, Liberté, résonnent dans le cœur et la tête de toutes les femmes du monde entier en ce moment.

Ces manifestations réprimées militairement dans une extrême violence, cette guerre déclarée aux opposants, aux révoltés, cette guerre du Gouvernement contre son peuple, je ne peux pas dire qu’on ne connait pas ça chez nous, en France – malheureusement, les gilets jaunes, les journalistes d’investigation, ou n’importe quel manifestant de l’opposition connaissent bien la répression armée, les yeux crevés, les membres arrachés.
Cette guerre contre les femmes, j’aimerais pouvoir dire qu’on ne connait pas ça chez nous, mais je ne peux même pas dire ça. Si on regarde les statistiques de féminicides en France en augmentation, les Lettres de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, la Lettre pour tous.tes de Mediapart, on la voit bien cette guerre, même en France. Bien sûr, en France. Où les violences contre les femmes reculent-elles? Pas en France. Pas ces dernières années. Pas quand les violences augmentent tous azimuts : contre les manifestants, contre les pauvres, contre les vieux en ehpad. Et contre les femmes, donc.

En France, mon divorce pourtant entièrement exempt de la moindre complication prend quand même des années. En France, j’ai été victime d’une agression sexuelle. En France, je vois tous les jours des femmes qui souffrent dans l’indifférence, des femmes qui souffrent parce qu’elles sont femmes, dans une société faite par des hommes, pour des hommes, avec une médecine faite par des hommes, pour des hommes, des femmes réduites à l’impuissance, au silence, par la violence. En France, si je me déclare comme féministe cela pourrait nuire à ma carrière, que ce soit dans une entreprise privée ou publique, parce qu’il y a toujours largement plus d’hommes en politique et à la tête des entreprises. En France, si je me déclare comme féministe je pourrais être victime de représailles, d’agressions, d’une guerre contre moi en tant que personne.

Ceux qui détiennent du pouvoir n’en ont jamais cédé sans combattre.
Il faut qu’ils en cèdent. Il faut se battre.

Inspiration

– Mais je n’arrive même pas à marcher.
– Il n’est pas question de marcher, mais de danser.

Dark Angel

Je voulais appeler ce billet émotion (de motio, le mouvement) parce que c’est de ça qu’il s’agit, de mettre en mouvement, de faire sentir des choses aux autres, de faire bouger des choses à l’intérieur des gens, de tirailler, pousser, et occasionnellement mettre les pieds dans le plat aussi. Mais les émotions ça me fait toujours penser à Vice-versa (le film Pixar) et c’est pas tout à fait ce dont je voulais parler ici.

Je voudrais dire un grand merci à toutes les femmes que j’ai vues nues sur internet. A toutes celles qui partagent de belles photos, des paroles bienveillantes, humanistes, au sujet de la nudité, de l’image du corps et de sa place dans la société. Celles qui écrivent des livres à ce sujet. Celles qui dévoilent l’intime dans des podcasts, devant une caméra, celles qui osent se mettre à nu et ont dépassé la peur de le faire. Je vais rajouter quelques références dans la page de ressources à ce sujet d’ailleurs. Je baigne dans ces sources d’inspiration depuis que j’ai commencé à me rapprocher des femmes d’un point de vue intime, et ça m’a fait énormément de bien.

La photo de nu féminin en particulier m’a toujours attirée, pas seulement les yeux mais je rêvais d’en faire. En faire pas seulement avec et pour un amoureux, ce que j’avais déjà pas mal pratiqué, mais en faire tout court, pour le monde, pour moi. En faire dans la nature, sous le soleil. Je n’osais pas vraiment en rêver, pas tellement en parler, je ne connaissais pas vraiment de personnes qui faisaient ça, juste quelques icônes anonymes sur internet, des femmes dont je ne connaissais rien de la vie, peut-être qu’elles étaient frivoles ou légères, peut-être qu’elles couchaient avec un photographe. Je les imaginais libres, libres de leur corps et de leur image, libres de se balader nues et de se montrer au monde, en toute sécurité. Ca me donnait tellement envie !

Et puis il n’y a pas très longtemps, quelques années, j’ai rencontré une collègue, une amie, qui fréquentait des camps naturistes, et qui avait déjà posé nue pour une école de dessin. C’est cette amie qui la première fois que je lui ai parlé de polyamour, a eu une réponse étonnante : ah bon, toi aussi tu es dans un trio? 😁 Je voudrais la remercier elle aussi, de m’avoir inspirée à cette période de ma vie où je mettais en place des choses importantes sur ma liberté et mes envies. La remercier d’en avoir parlé si ouvertement avec moi, d’avoir déconstruit les idées préconçues que j’avais à ce sujet, d’avoir éboulé mes préjugés et de les avoir remplacés par de l’éthique et du respect de soi et des autres.

Un tournant a été ma rencontre avec une photographe qui faisait, justement, du nu féminin artistique. Rencontre totalement imprévue, pas tout à fait au hasard puisqu’elle était passée par ce blog, avec un intermédiaire. C’est surtout en pensant à elle que j’ai décidé d’écrire ce billet. Il s’est passé une révolution dans ma tête grâce à elle. Jusque là, tout ce que j’avais construit sur la nudité relevait encore de la sphère intime, du secret. Pour la première fois, j’étais en contact avec une professionnelle qui diffusait ses photos sur internet, et ne rendait de comptes à personne à ce sujet. Même si c’était compliqué pour elle à ce moment là, pour moi c’était le chaînon manquant, l’étape indispensable qui rendait tout ça… normal, officiel, réel. Aller faire de la photo nue avec une presqu’inconnue dans un endroit complètement nouveau pour moi, loin de chez moi, en toute confiance, en sécurité, et y trouver comme un sentiment de famille, de gens qui se respectent et prennent soin les uns des autres, avec douceur et gentillesse, si ça c’était possible, alors tout était possible. Je la remercie du fond du cœur, de m’avoir donné cette chance, ces moments de photo dans la nature merveilleux, inoubliables. C’est un cadeau incroyablement précieux, à chaque fois. Je ne savais pas à quel point j’en avais besoin, mais je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui sans elle.

Et c’est ça que je veux transmettre à mon tour à d’autres femmes. Comme une tradition, un secret qui se transmet de femme en femme. La liberté. Oser faire des choses folles et bouleversantes en étant vulnérable, et voir qu’on est toujours là après, plus forte, plus puissante. Ces choses bizarres qu’on a envie de faire, qu’il faut faire, simplement parce qu’on peut.

J’aime à penser que je peux être une source d’inspiration moi aussi. Que les photos de nu que je mets sur internet trouveront elles aussi d’autres femmes, et leur donneront envie de liberté. Je crois qu’il n’y a rien de plus important.

Enfin je voudrais remercier mon futur ex-époux, pour m’avoir accompagnée et soutenue aussi loin qu’il a pu sur ce chemin, avec bienveillance, malgré ses peurs, et pour m’avoir finalement rendu ma liberté. Et mon amant perdu, parce que son absence m’a poussée à franchir ces portes là, loin de ma zone de confort. C’est un peu bizarre mais je sais qu’il comprendrait. Après tout, il a été mon unité de mesure de la liberté pendant un moment. Je crois que maintenant, ma référence en la matière, ce sera moi. Et je n’aurais jamais pensé pouvoir dire ça il y a quelques années.

Attributs phalliques

Le mariage, c’est quand l’homme et la femme décident de ne faire plus qu’un. Les problèmes commencent quand ils décident de choisir lequel.

Le chat

Je dois bien avouer que je ne savais pas trop de quoi parler quand j’ai commencé ce billet, avec ce titre. Je voulais parler de trucs vibrants pelviens, du concept de prendre quelqu’un et d’être pris… J’y reviendrai peut-être un peu plus loin. En fait, ça m’évoque le sujet du féminisme.

J’ai répondu récemment sur facebook à la question « est-ce que vous vous considérez féministe? », et « quelles sont les valeurs féministes qui vous parlent particulièrement? » (respectivement, « oui », et « vous allez voir je vous en parle dans ce billet ») et ça m’a un peu fait réfléchir (tiens, en parlant de répondre à des questions pour en faire ensuite des billets, il faudrait que je refasse un tour sur Quora à l’occase).

Il y a pas mal de valeurs que je considère comme féministes qui me tiennent très à cœur :

  • Le droit de chacune et chacun à avoir la sexualité qu’il ou elle souhaite, qu’elle soit (très) active, inexistante, ou toutes les possibilités possibles du spectre, et sans qu’on lui colle une image dessus pour autant, que ce soit celle de pute, de frigide, de coureur de jupons… Alors oui je pense particulièrement aux femmes, mais les préjugés sur les hommes je les mets dans le même sac. Moi-même j’ai encore parfois du mal à me dissocier de cette image, et quand je suis allée en club libertin, je pensais que la raison pour laquelle mon compagnon était plutôt contre, c’était parce que ça me dévaloriserait à ses yeux, que mon « appétit sexuel » ferait de moi une « traînée » avec laquelle il ne voudrait peut-être plus avoir des projets de vie, ou partager une intimité. C’était pas ça en fait, mais ce qu’on peut dire, c’est que les préjugés ont la vie dure, et qu’ils peuvent revenir pointer le bout de leur nez sans crier gare, même quand on a une pensée plutôt positive sur le sexe.
    Bien sûr, si vous avez une sexualité active, voire plusieurs partenaires, pensez à vous protéger, à en parler à votre médecin, votre gynéco, et prenez soin de vous.
    Et puis tout aussi important, avoir la sexualité qu’on veut en termes de genre qui nous attire (homo, hétéro, bi, etc), de pratiques qui nous plaisent (bdsm ou autres déviances) en restant dans le respect de l’autre. C’est là que je reboucle avec l’idée de prendre et d’être pris. Il y a un aspect évidemment masculin / féminin à cette thématique, et c’est très libérateur je trouve de franchir cette dichotomie, en tant que femme de sauter dans un strap-on et de prendre quelqu’un (moi je pensais pas que ça me plairait, et en fait je trouve que c’est très excitant!), en tant qu’homme d’être pris (et d’en éprouver du plaisir, prostate aidant). Et s’affranchir un peu de son genre, de temps en temps.
  • Toujours dans le domaine de faire ce qu’on veut de son corps, il y a deux autres sujets connexes : porter les fringues qu’on veut, d’abord, et là je dois dire qu’en tant que femme je me sens plutôt avantagée dans ce domaine, vue l’étendue des possibilités : je peux m’habiller très léger en été sans que mon employeur y trouve à redire, mettre des jupes, des pantalons, des chaussures de toute forme, avec ou sans talons, des accessoires, des décolletés… La moitié de ma garde-robe n’est pas tout à fait appropriée pour le travail, mais globalement j’ai un vaste choix. Là ce que j’aimerais, c’est que les hommes aient accès à tout ce choix également, et que les costards-cravates disparaissent de la surface de la terre, c’est tellement triste comme vêtement (et en été, tellement inconfortable).
    Après, on a beau dire que l’habit ne fait pas le moine, on est souvent jugé sur son apparence, j’en suis consciente. Etre sapé comme on l’entend mais de manière appropriée en fonction des circonstances, ça veut dire aussi qu’on peut essayer de s’habiller élégamment pour faire une première impression positive sur un employeur ou un rencard. Mais en tout cas, le minimum est que les interactions restent respectueuses, et le choix de vêtements, de coiffure, de piercings, rien n’excuse le fait d’agresser quelqu’un dans la rue ou ailleurs, que ce soit verbalement, physiquement, sexuellement, et c’est là que les femmes se retrouvent du mauvais côté de la balance, avec toutes les autres personnes victimes de discrimination généralisée (trans, gays, etc…).
  • Et puis que chacun et chacune puisse faire ce qu’il ou elle veut avec ses poils. Avec ses cheveux, sa barbe, ses poils aux jambes, aux aisselles, au pubis… Et que les hommes comme les femmes soient libres de s’épiler, raser, tailler, ou non. Personnellement j’aime trop la sensation de ma peau douce pour ne pas me raser, mais c’est vraiment ça l’idée, que les femmes aient le choix, et à vrai dire, que les hommes aient le choix aussi – il n’y a pas que les cyclistes qui peuvent se raser les jambes, pas que les naturistes qui peuvent se raser les couilles. Les hommes aux cheveux longs sont encore trop discriminés, particulièrement les enfants j’ai l’impression. Il y a de plus en plus de femmes qui montrent leur poil aux jambes, et même si je préfère les miennes glabres, j’admire chacune de ces femmes, je les soutiens inconditionnellement. Je vois des jambes poilues d’hommes à longueur de journée sans y trouver à redire, je les masse et les caresse même avec un certain plaisir, alors est-ce que ça fait la moindre différence quand c’est sur des femmes, au fond?
  • Et puis un vaste sujet qui me tient à cœur aussi, c’est l’indépendance, l’autonomie des femmes. Avoir plus de femmes visibles dans la sphère publique, des femmes dans des positions de pouvoir. L’égalité salariale, mais aussi sur les opportunités de carrière, les congés parentaux. Mon employeur est plutôt actif à ce sujet, mais même ici, on manque de femmes dans le top-management. Je rêve d’une femme président de la République française (et compétente, et qui ne fasse pas trop de conneries! Je sais, c’est beaucoup demander…)
    Et j’ai envie d’utiliser mon propre pouvoir, mes propres ressources, pour sponsoriser l’autonomie d’autres femmes, dans l’esprit de solidarité féminine.
    Il y a pas mal d’initiatives à ce sujet, je pense notamment au test de Bechdel, qui met en évidence la sous-représentation des femmes dans les films (ou dans toute oeuvre de fiction), et particulièrement parmi les protagonistes. C’est tout bête, et tellement parlant. Ça m’a donné envie de vivre des aventures avec des copines. De faire nos propres histoires sans mecs dedans. C’est vrai que je le faisais trop peu.
    Et un jour, quand je serai grande (…), je me lancerai dans la politique! Haha!

Et vous, est-ce que vous vous qualifiez de féministe? Quelles valeurs féministes sont importantes pour vous?

La drague entre femmes, ah bon ça existe?

Après plusieurs billets sur la drague, d’un point de vue lesbien et d’un point de vue androgyne, je vais y aller de ma petite pierre.
Je n’ai pas une grande expérience de la drague. En fait, j’utilise les mots flirter, draguer, comme je parlerais de communisme ou de poésie : je vois de quoi il s’agit, je n’y vois rien de mal – j’y vois d’ailleurs intellectuellement un réel intérêt, et je pourrais passer pour une pratiquante ; parfois je m’en approche, à les frôler, mais ça reste des choses que je ne fais pas vraiment.
Ou peut-être que si et que je ne m’en rends pas compte. Mais je crois que je suis quand même un peu résistante à la drague. J’aime vraiment trop la clarté, dire ce que je pense et montrer ce que je ressens pour pouvoir jouer aux jeux de la séduction. Bien que je comprenne le second degré et l’implicite, je l’utilise à des fins d’humour plutôt que de communication généralement.
Pour autant je me rends bien compte quand un mec me drague. Enfin c’est inexact. Des choses m’échappent sûrement. Mais je me suis sentie suffisamment souvent convoitée, complimentée, on m’a suffisamment invitée ou proposé carrément des choses pour que j’aie en tête que je plais aux hommes, généralement. Que quand j’en rencontre un, c’est clairement une possibilité, voire une probabilité. Ma posture par défaut avec les hommes, c’est que je plais, et que je dois faire attention à ne pas laisser d’ouverture si je ne veux pas aller sur ce terrain. La drague entre hétéros, je connais, et généralement j’essaie d’éviter.
Ça ne veut pas dire que je décourage tout prétendant potentiel. Simplement que pour moi, une phase d’approche, ça comporte des moments passés ensemble à parler, voire même apprécier un bon repas ou une danse ensemble, dont le but est d’apprendre à se connaître. Certains appellent peut-être ça de la drague. J’appelle ça rencontrer l’autre. Pendant la phase d’approche, on sent si le courant passe ou pas et puis on propose ou pas quelque chose de plus intime. Certains appellent peut-être ça de la drague. J’appelle ça faire des propositions qu’on peut librement accepter ou refuser. Bref.
Ma posture est complètement différente avec les femmes. Je n’ai pas été draguée par des femmes comme je l’ai été par des hommes. Ou alors je ne l’ai pas vu, pas compris. J’imagine bien que la drague entre femmes ça existe, mais je n’ai jamais pu le constater!
Quand je me suis mise à m’intéresser aux femmes de plus près (oui, bon, de très près) je me demandais pourquoi je n’avais jamais été approchée par une femme comme ça m’est arrivé avec des hommes, dans la rue, ou au bureau, par amis interposés… Si je ne plaisais qu’à des hommes, pour une raison ou une autre, ou s’il y avait tout un pan de culture et de communication « entre femmes » qui me faisait défaut pour accéder à cet univers féminin.
En regardant une série comme The L world, on pourrait penser que les femmes ne draguent d’autres femmes que quand elles savent qu’elles sont lesbiennes, ou au pire bi. Moi évidemment, étant mariée à un homme, ce n’est pas marqué sur mon front que je suis bi. Mais ce n’était pas non plus évident que j’étais hétéro à la base, et les hommes que j’ai connus ne se sont pas posé ce genre de questions! Quand une personne me plait, je le lui fais savoir, et à elle de se dépêtrer de son orientation sexuelle et de ses engagements du moment, et de si elle veut me rembarrer ou pas. Non?
Bien sûr que non, je le sais bien, ce n’est pas aussi simple. J’ai dit à des femmes que je les trouvais belles, ça m’est arrivé, comme cette danseuse à Istanbul qui m’avait complètement envoûtée, et que je suis allée voir pendant sa pause pour lui dire que je la trouvais sublime et juste avoir la chance de papoter 5 minutes avec elle de tout et de rien. Je me demande ce qu’elle a pu penser de ma technique d’approche. Une petite touriste occidentale qui bave devant elle, elle devait en voir des dizaines tous les soirs.
Ça m’est arrivé, mais pas bien souvent, et il fallait vraiment que quelque chose de nucléaire se passe en moi pour que des mots passent ma bouche. Je crois que je commence à m’améliorer à ce sujet, mais je me suis fait violence depuis 2 ans pour ça. J’y pense beaucoup, et j’ai fait un réel travail sur moi pour en arriver là. Je n’imagine pas que toutes les femmes intéressées par d’autres femmes passent par là (et pourtant, peut-être que si).
En fait, peut-être que les compliments bienveillants de mes amies au fil des ans, c’était de la drague? Quand on me dit que j’ai de jolis cheveux, ou un beau tatouage, c’est peut-être une invitation cachée? C’est pas cool ça, moi je sais pas réagir à un compliment autrement qu’en disant merci! C’est gentil, mais si c’était une invitation à se revoir dans l’intimité, c’est pas assez clair 😀
J’ai donc appris à draguer des femmes, à les séduire. Enfin, à aller vers elles, comme j’avais envie de le faire, à les voir de plus près, dans plus de détails ; et à leur proposer des choses. Et je commence à penser que je peux être attirante pour des femmes aussi, en fait. Mes rencontres féminines sur okcupid ou ailleurs me le disent. J’ai même une amie qui m’a dit que si elle était intéressée par les femmes, je serais son genre! Mais bon, elle ne l’est pas. Enfin, je crois.
Franchement, c’est pas clair! Est-ce que ça existe vraiment, la drague entre femmes?…
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