365 jours

Elle était longue cette année, hein?
J’ai quitté ma ville pour Tokyo à l’âge de vingt ans, alors demain, ça fera pile un an
Il s’est passé tellement de trucs en un an, ç’a été une année bien chargée
J’ai vécu plein de choses désagréables, mais au final, je me suis bien amusée

Nana

Début mars, ça fait donc un an que le covid a débarqué. Je me rappelle, j’avais envie d’en parler avec toi, ce genre d’évènement, comme les attentats, et les grandes catastrophes naturelles, je crois que ça te faisait vibrer comme moi, je ne sais pas pourquoi. Quelque chose de cosmique peut-être, de spécial en tout cas. Mon réflexe était de me tourner vers toi, alors que ça faisait déjà quelques mois que tu avais coupé les ponts.

Je venais de faire mon dernier voyage avant la fin du monde, à Barcelone début mars. J’avais hésité à partir, pas sûre de pouvoir revenir, j’entendais une rumeur sourde parler d’un risque pandémique et je savais que je risquais de rester coincée là-bas. Mais il fallait pourtant que j’y aille, pour ne pas devenir folle en pensant toute la journée à cet amoureux qui était en train de soupeser la valeur de notre relation et de si on pourrait se retrouver. Il fallait que je voie le soleil. Que je sente le sable et la mer autour de mes orteils. Que je puisse sourire au lieu de pleurer, pour changer. C’était un bol d’air, un souffle, une respiration. Et c’est vrai, j’ai bien cru que je ne pourrais pas revenir, les aéroports étaient bloqués par une grève, j’étais malade, et puis comme d’habitude tout s’est bien passé. L’univers me fait des fleurs quand ça va vraiment pas. Je me mets quelque part en PLS, un pied devant l’autre en mode autopilote et pouf, me voilà rentrée, et mon amour revenu. C’était bien la peine.

Mais oui je sais que c’était bien la peine. Ce n’était pas mon histoire, cette fois. Mon histoire, c’est celle que j’écris depuis toujours, que j’arpente parfois avec peine, souvent avec bonheur, celle dans laquelle je n’écris rien quand ça va pas, et où tout ce que j’écris parle d’amour et de jolies choses et de rêves. Il y a un an, je voulais écrire dedans des voyages, des rencontres. J’étais dans une dynamique d’exploration, j’avais envie de découvrir le monde, de comprendre les gens, de bourlinguer, de m’autonomiser, de sortir, de bouger, de vivre et de partager. Et puis boum, confinement. Les voyages et les rencontres, c’est plus vraiment possible. J’ai été un peu à l’aventure cet été, au début de l’automne, entre deux confinements / couvre-feux, mais même là c’était difficile d’aller vers les autres, de s’ouvrir et de se toucher. De partager nos histoires, alors qu’on ne sait pas si on pourra se voir. De faire des projets qu’il faudra sûrement défaire au gré des annonces gouvernementales.

J’étais aussi dans une dynamique encore nouvelle pour moi de culture, de regarder seule ces films et ces séries que j’avais toujours voulu voir mais que personne ne voulait voir avec moi, de lire ces livres que j’avais empruntés il y a des années et jamais pris le temps d’ouvrir. Alors j’ai parcouru le monde quand même, j’ai été voir des amis plutôt que des inconnus, et j’ai été chercher l’inconnu dans des films, dans des livres. J’ai compris plein de choses, je crois, sans quitter ma chaise, sans sortir de mon salon. Réduction de l’empreinte carbone pour sûr, bon par contre, c’est peut-être un peu romancé. Mais les paysages sont là, tout en couleurs éclatantes dans mon petit écran. Les personnages ont des relations super chouettes dans les bons films. Ils évoluent, ils s’améliorent, ils apprennent, ils font des erreurs, et moi je me marre. Et le temps file, les semaines et les mois défilent, c’est fou parce que ça ne passe pas vraiment vite, pas comme quand on fait plein de choses, mais rétrospectivement le temps file, les années défilent, le temps n’existe plus vraiment.

Ces temps-ci j’ai envie d’une tempête, j’ai envie qu’il se passe quelque chose, que le ciel se déchire, que le vent meugle dans le toit, que la pluie et la grêle crépitent toute la nuit. Que je voie le temps passer, le temps d’une journée, d’une nuit. C’est le printemps, j’ai envie d’aller crier dans les bois, alors que je me réveille de la léthargie de l’hiver. Je vais prendre le soleil dès qu’on le voit, et j’ai toujours des courbatures à chaque fois que je fais du cheval. Comment elle est ma vie, maintenant? Un peu à la dérive, un peu jolie, un peu ridicule, très humaine. Pleine, riche. Douce, mélancolique. Forte, vivante.

Et vous, elle est comment, votre vie?

Rêves confinés

“Ce qu’on a rêvé ne peut jamais se perdre, plus jamais être détruit.”

La fin du confinement approche, il est temps que j’écrive ce billet sur mes rêves pendant le confinement, avant qu’il ne soit trop tard 😀

Bon, même si après le 11 mai, je suis pas sûre que ça va vraiment changer grand-chose… Disons que c’est surtout que je vais finir par ne plus me rappeler de ce que je voulais vous raconter!

J’ai entendu dire que depuis le début du confinement, un changement avait été constaté dans la nature des rêves que font les gens. Davantage de cauchemars, d’angoisse sur l’avenir, de peur de la mort. Ce que je peux comprendre. C’est compliqué de savoir ce qui nous attend dans les mois à venir, où on sera dans un an, quel monde sera le nôtre dans les années à venir. Les paris sont ouverts, on parle d’effondrement économique, et tout le monde y va de sa petite opinion, parce qu’il faut bien le dire, beaucoup de gens ont soudain beaucoup de temps et il faut bien en faire quelque chose, de ce temps! Alors on se pose, on réfléchit, on squatte les réseaux sociaux, on grommelle et on s’indigne un peu, comme tout le monde. Y’a sûrement de quoi, au fond, on trouve toujours une raison de râler quand on en cherche.

Râler c’est pas tellement mon genre. Bien sûr que je râle, mais essentiellement quand il n’y a que moi pour le faire, je râle quand on m’a dit qu’on ferait quelque chose qui n’a pas été fait, je râle quand on me casse les oreilles, ou les pieds, et encore, j’essaie d’éviter. Mais pour des trucs pour lesquels je ne peux rien et qui ne me concernent en rien, bah… Enfin pour l’essentiel, ce confinement c’est du pain béni pour moi. J’en ai déjà parlé, inutile que je vous rebatte les oreilles avec tout ça, mais c’est vrai que le confinement est tombé pour moi juste après une période très compliquée, et a été le contexte d’une belle reconstruction amoureuse. Je dirais que j’en ai une vision très positive. Ça me manque de danser, d’aller randonner à pied ou à cheval, de voir les gens que j’aime et avec qui je ne vis pas, de faire des projets de voyage, des virées pour le week-end, mais au quotidien, rien ne me manque vraiment. Je partage de bons moments avec mes proches, même si certains je ne les vois que par écrans interposés. On prend soin de nous, on cuisine de bons petits plats, on profite du soleil, des fleurs, du calme, de ce calme incroyable à l’échelle de la ville, du pays, du monde. Je travaille mieux aussi, je suis moins fatiguée et plus concentrée de manière générale.

Mais c’est vrai que mes rêves ont changé! (Haha, vous avez cru que j’avais oublié le sujet de ce billet, hein! Mais non!) Oh, ils ne traduisent pas vraiment plus d’angoisse, de mal-être. Je suis dans un bon contexte, je le sens, et mes rêves me le disent aussi. Déjà, je me rappelle davantage de mes rêves. C’est assez logique, je me lève plus tard, j’ai plus le temps de faire des rêves et de m’en rappeler. Côté contenu, comme d’habitude, je rêve de mes amis, de ma famille, de photo, d’appartements inconnus, de course poursuites…

Mais par rapport à d’habitude, je rêve beaucoup plus de rencontres, celles que je ne fais pas en restant confinée je suppose. Je rencontre des femmes magnifiques, au hasard dans la rue, nues dans un sauna, elles ont de belles courbes, des lèvres exquises, des tatouages envoûtants. Elles dont douces et avenantes, et elles m’aiment bien. Je sors avec elles, je les masse, je les caresse…

Et puis je rêve de sexe, vous savez, des rêves érotiques comme je n’en fais quasiment jamais. Du sexe de groupe, du sexe oral, des shootings photo ou vidéo porno, des rêves où j’arpente le dernier club libertin à la mode, où je regarde, où je participe… Des rêves qui me font penser au sexe quand je suis réveillée 😀

Bon, c’est pas vraiment les rêves confinés classiques… ou est-ce que ça l’est? Avoir du temps et prendre soin de moi, ça peut effectivement m’amener au sexe ^^ Et puis mes rêves de rencontres, c’est vrai que ça avait commencé un peu avant le confinement, c’est un peu mon truc du moment depuis 6 mois, un an, voire deux ans.

Mes rêves ne sont pas plus bizarres que d’habitude, et plutôt moins effrayants. Ils sont surtout pleins de gens, des gens que je connais ou pas, des gens avec qui j’échange quelque chose de spécial, dans un regard, une caresse, une activité partagée. Toute cette chaleur humaine qui est tenue à distance en ce moment. C’est une part de moi qui ne se laissera pas oublier aussi facilement…

Et vous, ils sont comment, vos rêves confinés?

En direct du confinement

J’ai vu pas mal de gens qui faisaient un journal de confinement. C’est chouette, tous ces gens qui se mettent à écrire, qui se jettent dans des projets, je trouve ça vraiment bien. L’ennui stimule la créativité parait-il, et se poser un peu permet de prendre du recul et de réfléchir, donc c’est une bonne période pour ça.

Je ne sais pas comment je ferais un journal de confinement. D’habitude il se passe plein de choses dans ma vie, mais là, le premier jour c’est comme le jour 12 ou le jour 27, je ne sais pas à combien de jours on en est et je m’en fiche un peu. Le temps s’est comme arrêté pour moi, avec les projets, les rêves. Les jours ne sont pas monotones, ni vides, ils sont joyeux, remplis de lumière, de bons moments, de douceur et de bonheur. Mais ils se fondent tous les uns dans les autres. Chaque jour, on vaque à nos occupations, et puis on mange ensemble. Je me pose dehors au soleil, je regarde les fleurs qui s’ouvrent – il y a 3 semaines c’étaient les forsythias, puis les tulipes, les jacinthes, les jonquilles, les pâquerettes, les fraisiers, maintenant ce sont les roses, les pavots oranges, les fleurs de pommier, les iris, bientôt ce seront les oeillets, la glycine, et puis les althéas. Je regarde les feuilles du figuier se déplier et les petits bébés figues grossir lentement, le pollen qui se dépose partout, les colombes qui s’élèvent dans le ciel, j’entends les oiseaux chanter, les voisins jardiner. C’est comme des vacances, sauf que je travaille. Et puis je lis, je joue, je peins des chouettes, je regarde des films, je fais la vaisselle, je cuisine parfois, comme d’habitude.

J’essaie de garder contact avec le monde extérieur, comme d’habitude aussi, en fait. On voit moins de gens, mais j’avais déjà pris l’habitude de papoter avec les uns et les autres régulièrement, sur le chat ou au téléphone ou par mail quand on ne peut pas se voir en vrai. J’échange plus que de coutume avec ma famille. Il faut dire aussi que le début du confinement a étrangement coïncidé avec mon acquisition d’un smartphone, et me voilà donc propulsée dans les partages de photos et les appels vidéo familiaux.

Les groupes facebook que je suis sur le polyamour n’ont jamais été aussi actifs que pendant cette période un peu particulière qu’est le confinement général. Je suppose que les gens ont globalement un peu plus de temps pour se poser, pour réfléchir à leur vie, et dialoguer sur les réseaux sociaux à défaut de voir leurs proches en vrai. C’est peut-être aussi plus facile d’envisager de se jeter à l’eau en ce moment, quand ça reste complètement théorique!

Oui parce que c’est une période assez compliquée, pour le polyamour. Quand le confinement est tombé, certains ont dû décider s’ils allaient se confiner avec un amoureux, avec l’autre, ou rester tous seuls comme d’habitude. Mais du coup, les amoureux qui ne vivaient pas ensemble et n’ont pas souhaité se confiner ensemble (ce qui peut être assez désastreux en soi, ce n’est généralement pas pour rien qu’ils ne vivaient pas ensemble) ne peuvent plus se voir, se toucher, s’embrasser, se câliner. Ceux qui se sont confinés ensemble essaient de continuer à se supporter en vase clos. Et pour rencontrer de nouvelles personnes, pendant le confinement, certes on peut le faire virtuellement, ça peut déjà être sympa, mais pour moi il y a une étape importante qui est la rencontre en vrai, et comme on ne peut pas vraiment l’envisager pour le moment, c’est un peu compliqué de se projeter dans de nouvelles choses je trouve…

Pour moi qui aime rester chez moi, qui ai un jardin, une terrasse où je peux me poser tranquille pour télétravailler, prendre l’air et le soleil, et qui vis avec des gens que j’aime, le confinement c’est pas vraiment le bagne. Certains diraient que j’ai de la chance. Alors oui, mais j’ai aussi fait des choix et pris des décisions pour m’amener ici, dans une maison avec un jardin, dans une vie en communauté, en faisant les compromis et les sacrifices qui vont avec. Là où j’ai de la chance, c’est de travailler dans une super boîte qui en ces temps difficiles est plutôt en bonne forme, prend soin de ses employés, et dans une super équipe où je me sens bien. Je mesure cette chance depuis le début. J’ai aussi fait des choix qui m’ont amenée là, notamment de quitter de moins bonnes boîtes, mais je sais que ça ne suffit pas toujours à en trouver une bonne.
Ici le confinement, ça veut dire que mon époux et moi n’avons pas à perdre des heures dans les trajets pour aller travailler, surtout lui qui prend le train pour aller en ville et commence plus tôt que moi le matin. Il peut un peu plus se reposer et c’est vraiment pas du luxe! Pour ma part, j’étais persuadée que mon poste pouvait très bien être fait en partie en télétravail (voire en grande partie) et je dirais que ça se confirme de manière assez évidente. Le télétravail ne nous empêche pas de faire des réunions, d’échanger avec nos collègues, surtout en ce moment, on prend des nouvelles les uns des autres, on vérifie que tout le monde va bien. Ça demande de l’organisation, de bons outils informatiques (et un réseau potable chez soi aussi). Enfin, il fallait surtout essayer…

Avec les amis, on fait des jeux de société en ligne sur BGA ou du jeu vidéo sur steam, avec un serveur discord pour papoter : c’est un peu comme s’ils étaient là, dans le salon avec nous, mis à part qu’on ne cuisine pas pour eux et qu’on ne partage pas leurs virus non plus.
Avec les amoureux, on s’écrit, on s’appelle, on maintient le contact, on s’envoie des photos, des vidéos, des petits morceaux de vie, des sourires. On se manque, on attend de pouvoir se revoir avec impatience, de pouvoir refaire des projets, des rêves, des activités ensemble, de pouvoir aller se balader où on veut pendant toute la journée. Certains diraient que j’ai de la chance, d’avoir des relations solides où on peut effectivement se dire qu’on se reverra et simplement attendre. Je dirais là encore que ce n’est pas tellement de la chance, mais que j’ai fait les choix et les décisions qui allaient dans ce sens, avec les compromis et les sacrifices qui vont avec, en payant le coût.

En ce moment, il y a une personne qui me manque beaucoup. Mes choix et mes décisions, tout comme les siens, nous ont séparés, et en ce moment, j’ai du temps pour y penser, pour me sentir heureuse et pour sentir que j’aimerais partager ce bonheur avec lui, et qu’il n’est pas là. Avant ça, j’ai été malheureuse pendant un moment aussi, et j’avais également du temps, et je regrettais qu’il ne soit pas là pour m’aider. Je crois qu’en cette période de confinement, nos esprits vagabondent vers ceux qui sont loin, ceux qu’on a perdus. Personne n’est là, mais ceux-là le sont encore moins. Ce n’est pas facile de rester dans le moment présent, de regarder les fleurs pousser et d’écouter les oiseaux chanter, quand toutes nos pensées s’envolent vers le monde, vers ceux qui ne sont pas là. C’est un exercice que je fais chaque jour, plusieurs fois par jour, de me recentrer sur ce qui est là, et ce qui me fait du bien, plutôt que de penser à l’absence qui m’angoisse, me fait du mal et me rend de mauvaise humeur. Un petit effort de volonté, du lâcher-prise, je ne sais pas. C’est surtout mon envie de contact avec la nature, avec ce et ceux qui m’entoure, d’être à ce que je fais, de sentir le soleil sur ma peau, les caresses de ceux que j’aime, de contempler la beauté des choses autour de moi, de jouir de bons repas, de moments de détente, de m’amuser et de profiter de la vie, même confinée.

Cette vie, c’est toujours la seule que j’ai, et la seule que je veux vivre.

Et vous, comment il se passe, votre confinement?

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