Exploration

« Je suis né avec le pouvoir, tout comme toi. Mais toi, tu es jeune. Tu te trouves à la frontière du possible, au pays des ombres, au royaume du rêve, et tu entends la voix qui te dit : Viens. Comme moi autrefois. Mais je suis vieux. J’ai fait mes propres choix et j’ai accompli ce que je devais faire. Je me tiens dans la lumière du jour, face à ma propre mort. Je sais qu’il n’est qu’un seul pouvoir qui vaille qu’on le possède. Et c’est le pouvoir non pas de prendre, mais d’accepter. Non pas d’avoir, mais de donner. » (Terremer)

Mon adorable soeurette m’a fait découvrir un podcast : Entre nos lèvres, qui présente des vraies histoires de gens et de leur sexualité, leur construction identitaire et sexuelle, leur rapport au sexe. Ça m’a fait me poser quelques questions.

J’ai découvert la masturbation à 17 ans, en même temps que je découvrais le sexe avec mon chéri de l’époque. Je trouve ça tard, même si tout existe en la matière apparemment. Ma construction sexuelle était inexistante avant ça. Je crois que ça ne m’intéressait simplement pas. J’avais probablement eu droit déjà bien avant à des discours de prévention de mes parents, enfin surtout de ma mère je crois, ça ne m’a pas vraiment marquée.
Mon intérêt pour le sexe s’est éveillé tard, et comme groggy.  Je trouvais la masturbation agréable mais pas révolutionnaire ; pour le sexe avec un partenaire, j’étais mitigée : certaines choses me plaisaient, me plaisent toujours d’ailleurs, mais pas le « coït » en lui-même. Je n’y trouvais pas beaucoup de plaisir. Ce n’est qu’après avoir goûté au sexe avec un autre partenaire que j’ai commencé à trouver un intérêt à la pénétration. Et ce n’était que le début d’un long voyage, qui est toujours en cours.

Au fil du temps et des partenaires différents, j’ai eu l’occasion d’expérimenter plein de choses (et il en reste plein à essayer!) Généralement mes partenaires étaient plus curieux que moi, ils avaient bien sûr plusieurs années d’avance sur moi dans leur construction sexuelle – je crois que rares sont les hommes qui attendent leurs 17 ans pour essayer la masturbation. J’étais le plus souvent réceptive à leurs propositions de nouvelles choses à essayer, massages, jouets sexuels, tenues, jeux de rôles, jeux de soumission/domination, jeux de cordes… Ça m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur moi, sur ce qui me plait ou pas, ce que je supporte ou pas du tout, et d’en parler avec mes partenaires. De voir également ce qui leur plait ou pas, et de constater que c’est différent pour chacun. Que pour chaque pratique, chaque position, chaque accessoire, il y a des gens qui aiment et des gens qui n’aiment pas, des gens qui adorent, des gens qui s’en fichent, et tout ce qui existe de nuances possibles. Il y a aussi des choses qui marchent bien avec l’un, pas du tout avec l’autre. Petit à petit j’ai aussi été à l’initiative de certains jeux, certaines idées de mise en scène, j’ai acheté des tenues, des accessoires.
On s’est aussi essayés aux photos et vidéos, un peu coquines ou carrément osées, comme tout le monde je crois ; et j’ai écrit un certain nombre de nouvelles érotiques. Je crois que les écrits sont très représentatifs de l’évolution de mon rapport avec le sexe, de mes goûts et de mes différentes explorations dans le côté ludique, la sensualité, les jeux de pouvoir… Ce sont des traces manifestes de ma construction sexuelle, des textes où l’imaginaire et les fantasmes ont la part belle, où je mets des mots sur mes envies, des qualificatifs sur ce qui m’excite, où je peux parler de tout ce qui n’est pas possible dans la vraie vie, ou pas vraiment une bonne idée. C’est un moyen de verbaliser tout ça, pour moi, et aussi pour le partager à mes partenaires. Je trouve ça terriblement excitant d’écrire mes fantasmes, et je crois que c’est aussi excitant à lire.

Je me demande d’où viennent mes fantasmes. En découvrant le sexe sur le tard, je suis tombée par hasard sur des fantasmes en moi, comme s’ils avaient toujours été là, mais je ne les explique pas. Globalement tous mes fantasmes tournent autour de jeux de pouvoir et d’un rapport de domination/soumission, éventuellement mélangé à du sexe de groupe. Je ne trouve pas de similitude entre ces dynamiques et quelque chose que j’aurais vécu ; peut-être que c’est enfoui très profondément, peut-être que ça vient de quelque chose d’anodin et de très ancien, de comment on me mettait au lit ou dans mon transat ou que sais-je?
Et pourquoi est-ce que je ne fais pas de rêves coquins? J’ai passé la première moitié de ma vie sans m’intéresser au sexe, et la seconde moitié à m’y intéresser. Je rêve toujours de la maison de mon enfance, d’amis que je n’ai pas vus depuis des années, mais je ne fais toujours aucun rêve coquin plaisant. Est-ce que la plupart de mes rêves trouvent leur origine dans des choses que j’ai vécues pendant mon enfance?

Ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas fini d’explorer le sexe, ce voyage en moi-même, ce partage intime. C’est un point d’interrogation que j’ai envie de creuser, et qui se transforme en goûts et en couleurs. Il y a des choses que j’ai essayées il y a quelques années, et des choses que j’ai essayées cette année, que j’adore, et qui font partie de moi à présent. Quels trésors me reste-t-il encore à découvrir?
Et vous, elles ressemblent à quoi, vos explorations?

Auteur : polypatate

Patate polyamoureuse

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